Luxe & engagement / Réinventer le système ?
Dans le cadre des Rencontres Luxe organisées en collaboration avec le Monde et M Publicité, le 20 novembre dernier, nous avons abordés les questions hyper actuelles du luxe et de l’engagement avec Sylvie Bénard, Directrice de l’environnement, LVMH Moët Hennessy Louis Vuitton, Laura Brown, Fondatrice de Phoenix, Pascal Gautrand, Fondateur de Made in Town, la créatrice Amélie Pichard, Alix Morabito, Fashion Director des Galeries Lafayette, Clarisse Reille, Directrice Générale de DEFI La Mode de France ainsi qu’Olivier Saillard, directeur artistique J.M. Weston.
En effet, les derniers rapports sur l’état de santé de la planète sont alarmants et, au rang des industries les plus polluantes, le textile truste une honteuse seconde place. Une industrie qui court toujours plus frénétiquement vers la fast-fashion, déjà en hausse de plus de 20%, avec ces obsessions permanentes de toujours plus. Plus de vêtements, plus de nouvelles collections, plus de rapidité, plus de production… jusqu’à épuisement de ses ressources environnementales, humaines et créatives.
Un système qui arrive à son obsolescence et qui se voit remis en question par une révolution interne, constituée d’acteurs qui attendent autre chose de la mode et qui veulent renouer avec de vraies valeurs en faveur de l’environnement, de l’humain et du sens. Des démarches et des préoccupations qui semblent avoir une résonance auprès des grands acteurs du luxe et de la mode qui investissent, à l’image des groupes Kering et LVMH, dans des outils et des postes consacrés à la responsabilité environnementale. S’ajoutent à cela les démarches en faveur des animaux (abolition chez certaines marques de l’utilisation de la fourrure, Save Our Species chez Lacoste, etc.) la recherche de matières textiles alternatives moins polluantes et la multiplication des jeunes labels premiums engagés, adeptes de l’upcycling (Marine Serre, Atelier Bartavelle, Ganni, Reformation…).
Si les démarches sont lancées, tous les moyens et toutes les techniques de production ne permettent pas encore de passer au « tout vegan » et au « produit zéro déchet » comme l’a exprimé Amélie Pichard, créatrice de la marque éponyme. Selon son intervention lors de ces rencontres, « il y a encore un sentiment de grand écart entre tradition et innovation. Lorsque j’explore de nouvelles matières organiques et que je suis obligée de revenir au cuir animal, je me fais instantanément tacler sur les réseaux ». Alix Morabito, Fashion Director aux Galeries Lafayettes ajoute, « qu’il existe un mouvement batard entre les injonctions des consommateurs et l’industrie qui n’est pas encore prête »
Le rapport au temps et à l’humain s’additionne aux préoccupations environnementales. De vrais débats s’ouvrent sur le rythme de production frénétique du système, la valse incessante des directeurs artistiques, la représentation de la diversité des corps et des identités ou encore ces fashion weeks aux 382 défilés pour 13 845 silhouettes que comptabilisait, notre intervenant Olivier Saillard, directeur artistique de J.M Weston. Dans ce souci de produire moins et mieux, la mode se doit de repenser, de ralentir son rythme, d’interroger le rapport au temps du processus créatif et la durée de vie d’un produit.
Prise de conscience, prise de responsabilité ou passage obligé, chacun cherche du sens, une cause à défendre, pour ne plus être un acteur marchand mais un acteur sensé qui se souci de l’humain, de l’animal ou de la planète.
Pour plus d’informations, vous pouvez aussi lire le compte rendu réalisé par Le Monde et M publicité ici.
crédit photo Amélie Pichard