LES GRANDS PARISIENS // STEN RIDARCH, ÉBÉNISTE DESIGNER

Dans le cadre de notre conférence ‘Les Grands Parisiens’, nous sommes allés à la rencontre de parisiens intra et extra-muros qui font voir la vie en Grand. Nous partageons les histoires de celles et ceux que nous avons interviewé.

Nous avons partagé un repas avec Sten, au sein de son atelier Oiseau, aux Lilas, dans le 93. Un espace chaleureux où l’odeur du bois a inspiré la confidence de ce parisien banlieusard, qui reste émerveillé par Paris et voue en même temps, une vraie admiration pour la banlieue créative. Rencontre.

MON HISTOIRE

« Je suis un parisien banlieusard. Né à Paris 15ème, j’ai grandi dans le Val de Marne. Adulte, j’ai habité Paris durant un an. J’ai bizarrement un peu tardé à changer mon immatriculation ‘75’ en quittant l’intra-muros! Professionnellement, j’ai eu plusieurs vies ; j’ai commencé comme mécanicien avion, puis j’ai passé 3 ans à Londres à faire de la musique. J’y ai appris un anglais plutôt correct et y ai développé mes goûts artistiques. De retour en France, j’ai travaillé à la Fnac, puis à nouveau dans l’aéronautique, en tant qu’acheteur industriel. Chacune de ces expériences m’ont beaucoup apporté et résonnent, aujourd’hui, dans le métier que j’exerce.

VERS LE TRAVAIL DE LA MAIN & DU BOIS

A un moment de ma vie, j’ai décidé de suivre mon instinct. Juste pour voir et j’ai changé de métier. L’objet était déjà au centre de ma réflexion : j’ai toujours aimé chiner et fouiller dans les poubelles, construire des choses nouvelles avec des choses existantes. Je voulais m’exprimer et me ressembler. Je me suis dirigé vers le travail du bois. J’ai été formé à l’école Boulle, idéale quand on possède un côté perfectionniste, puis à l’INFA, qui dispense une formation plus technique.

Je suis aujourd’hui artisan, designer et scénographe et travaille en équipe, nous sommes l’Atelier Oiseau et en collectif sous le nom de Wood & the Gang. Mon travail nécessite une grande rigueur technique et offre en même temps une grande liberté créative.

MA RELATION À PARIS

Quand j’étais adolescent, « parisien » était un adjectif qualificatif comme « bobo » peut l’être maintenant. Paris c’était ‘la promenade de la vitrine’. L’imaginaire autour de cette ville est sans fin. Si je devais choisir un endroit à Paris, je prendrais la Tour Eiffel. Ce truc est juste « énorme », dans tous les sens du terme. Et c’est aussi un monument que j’aime particulièrement car d’où qu’ils viennent, les gens se retrouvent dessous tels qu’ils sont: pas si grands et ébahis, égaux malgré tout.

Si je devais réaliser un meuble pour représenter Paris, je proposerais un meuble hybride, moderne et sentant l’Histoire. Un casier à 20 emplacements pour les arrondissements, modulable, on pourrait les faire se rejoindre, en ajouter. Le ressenti du respect des règles de l’art de l’ébénisterie et le toucher d’un meuble designé. Pour le Grand Paris, en revanche, je me lâcherais plus, me permettrais d’être plus original : une installation contemporaine, dans laquelle on tenterait d’exprimer l’utopiste équilibre.

PARIS & LE GRAND PARIS

Paris est tellement jalouse de sa banlieue qu’elle veut l’absorber, la force ne vient plus de centre mais de l’autour. Le Grand Paris c’est l’absorption par l’intramuros de la banlieue pour aller vers le mieux. C’est élargir un terrain de manière cartographique pour une meilleure ergonomie et une plus grande égalité.

Pour moi le Grand Paris idéal, ce serait l’équilibre atteint entre force de production et conscience sociale : préparer les enfants pour ‘leur’ futur, qu’ils feront et vivront.

Avant de fermer la porte, nous leur laisserons les clés.