En revue (Marie-Claire FW) : Les styles emblématiques de la saison automne-hiver 2023-2024

La saison vue par Corinne Denis

Pour Marie Claire Style, la directrice de création du cabinet des tendances Leherpeur Paris décrypte les styles emblématiques qui ont émergé pour l’automne-hiver 2023-2024.

1. COPERNI / 2. MARIE-CHRISTINE STATZ DE GAUCHERE / 3. MIU MIU / 4. DOLLY BABY POUR DIESEL / 5. GIVENCHY / 6. GIVENCHY / 7. COURREGES

Après des années façonnées par le sportswear, la saison prochaine semble porter une nouvelle forme d’élégance….

Absolument. Une grande envie d’élégance mais pas engoncée ou entravant le mouvement, une élégance compatible avec une vie urbaine, qui laisse bouger le corps. Elle va de pair avec le retour du « tailoring », mot d’ordre de la collection Balenciaga très ancrée dans l’artisanat et dans les fondamentaux posés par Cristobal Balenciaga, mais également de celle de Loewe qui joue avec des volumes simples pour laisser s’exprimer la justesse d’une coupe.

Les podiums ont montré un travail du minimalisme au service de la matière, comme pour remettre en avant ce qui fait la force du luxe : de beaux tissus, des coupes précises, l’expertise du modélisme, la justesse des volumes. La crise a évidemment joué sur les consommateurs qui ont envie de garder longtemps leurs vêtements, qu’ils soient à la fois qualitatifs et durables, deux éléments clés du luxe. C’est ce qui explique le succès phénoménal de The Row, dont les produits ultra-élégants et intemporels sont « sold out » en un temps record.

Quelle féminité se dessine ?

On remarque l’émergence d’une silhouette façon « jolie madame » très influencée par les années 1950, à l’image des collections de Maria Grazia Chiuri pour Dior et Olivier Rousteing pour Balmain, qui ont multiplié les clins d’œil aux grandes années de leurs maisons respectives. Elle s’illustre de plusieurs façons, notamment avec des jeux de layering et de transparences, mais aussi les gants vus chez Givenchy, Lanvin ou en encore Ann Demeulemeester façon manches longues. Autre illustration de ce vestiaire rétro : l’omniprésence des foulards noués autour du cou, fleuri chez Nina Ricci et Lanvin, oversize chez Balmain, façon lavallière chez Sacai et Saint Laurent. On peut ressortir ses escarpins, et même ses cuissardes comme sur le podium d’Hermès. Enfin, la broche signe également son retour : émoji chez Coperni, origami chez Prada, en grosse boucle pour accrocher son étole chez Saint Laurent ou encore les plis de la jupe chez Proenza Schouler. C’est une féminité subtilement amazone, qui joue avec les codes du sexy.

De façon générale, on a vu le retour d’une allure plus formelle…

Cela se ressent dans le choix des couleurs. Un retour vers une palette graphique d’essentiels, le noir, le gris chiné, rehaussés par des jaunes citronnés comme chez Marni et Ferragamo, des pastels subtils chez Prada, un beige abricoté qui porte le renouveau des teintes neutres.

Côté mise en scène, que s’est-il dégagé ?

De la sobriété : Loewe avec sa boîte blanche et Coperni dont le décor dépouillé servait la dimension futuriste avec la présence des robots de Boston Dynamics. Suite au défilé de Saint Laurent à Marrakech et Jacquemus dans les carrières de sel dans le sud de la France, plusieurs critiques ont émergé sur les budgets de ces productions, alors que le gouvernement prônait justement une certaine sobriété énergétique.

Propos recueillis par Vicky Chahine