L’Oeil du Runway : Décryptage Cultural Mood

Et si la Fashion Week n’était plus seulement une vitrine vestimentaire, mais un laboratoire d’expériences scéniques et culturelles ?
Prenons un moment pour rassembler les temps forts de cette Fashion Week Prêt-à-porter SS26. Une saison débordante de propositions narratives, artistiques et stylistiques sous l’effervescence de nouvelles directions artistiques pour certaines Maisons. Elle fut le théâtre d’expérimentations scéniques audacieuses et de réflexions profondes sur notre époque. Nous avons sélectionné et décrypté nous coups de cœur.
OSCAR OUYANG : “not delivered”
Remontons tout d’abord, à la London Fashion Week, là où Oscar Ouyang dépeint notre société comme le cimetière de la « miscommunication.». Les oiseaux messagers — hiboux, aigles, pigeons — tombés au sol ont laissé un chaos de messages non délivrés. Pour lui, c’est une métaphore de notre ère digitale saturée, où l’information circule sans jamais pleinement atteindre sa cible.
ZOMER : le chemin ver la démesure
Zomer, la marque parisienne a laissé ses empreintes sur cette Fashion Week. Dans un paysage stylistique dominé par le quiet luxury, le minimalisme et la perfection lisse, Zomer prend le chemin vers la démesure et la transformation, laissant des traces de pas rouges, bleues, vertes sur le sol jusqu’alors immaculé. Un geste pictural, signé Make Up For Ever, qui ramène du jeu, du souffle et une forme de désobéissance joyeuse, à travers les yeux de Danial Aitouganov and Imruh Asha, dans une époque parfois étouffée par la retenue.
MAISON ALAÏA : la tension comme language
Allons ensuite, chez Alaia. Une projection cinématographique au sol, un miroir au plafond, et entre les deux, des silhouettes « sans compromis ». Ce défilé enveloppe et comprime en même temps, enlace et oppresse. Pieter Mulier le résume : « Il y a une tension dans la performance du défilé, chaque silhouette semblant prise entre son image filmée et son reflet ». Une tension qui incarne notre société remplie de contrastes, d’oppositions et d’extrêmes.
LOEWE : une sonorité enivrante
Loewe marque cette saison par sa dimension sonore. La Maison, fidèle à sa personnalité colorée, confie sa bande-son au DJ Frédéric Sanchez, mêlant « Dame Eso » de John Heaven et « Black Naga » de Pachanga Boys. Des sonorités aux énergies nerveuses, captivantes, presque hypnotiques, prolongeant la singularité créative de la marque jusque dans la perception sensorielle.
MAISON MARGIELA : une sonorité enivrante
Pour finir avec le sourire, Maison Margiela ouvre son défilé sur une scène d’enfants en costume-cravate, riant, courant, joueurs. Plusieurs chefs d’orchestre tentent par la suite de les guider sur du Prokofiev, Bizet et Strauss. Une mise en scène orchestrée avec L’ Association Orchestre à l’École, enfant, échos des archives de la maison du défilé printemps-été 1990, où les enfants étaient les invités du 1er rang. Aujourd’hui, ils sont les musiciens d’un défilé sonnant la nouvelle ère de la maison sous Glenn Martens.
Ces scènes et bandes-son, originales et captivantes, nous confirment que la Fashion Week n’appartient plus seulement au vêtement, mais bien à un univers de marque. C’est le moment pour chaque directeur artistique d’étendre sa vision au-delà du podium et d’être capables d’émouvoir autant les spectateurs présents que les viewers à travers leurs écrans.
Envie de poursuivre la réflexion ?
OU
