L’Œil :   Paris Design Week, objets de conversations

Musée de la Chasse © Sophia Taillet


La mémoire, la nature et l’imperfection pour inventer de nouveaux récits.


La semaine dernière s’est tenue la Paris Design Week, moment privilégié pour découvrir des créateurs qui redéfinissent le rôle du design aujourd’hui. Plutôt qu’une simple démonstration de savoir-faire, leurs œuvres ouvrent un dialogue entre mémoire, matière et usages, révélant un design en quête de profondeur.


Lucie Gholam pour sa série Plaster Ruins, récupère des objets domestiques anachroniques, détruits ou abandonnés, pour en faire des sculptures chargées de mémoire et d’histoires discordantes. Ses oeuvres nous confronte à la beauté des vestiges en nous rappelant que chaque objet porte la trace d’une époque, d’un usage, d’une vie.

Marieta Tedenac est une verrière qui détruit pour mieux construire. Elle crée des vases qui défient les codes de la perfection. Le reflet de la réalité est évincé par ses portraits fragmentés, vivants et colorés. Elle semble défendre l’idée que la beauté réside dans l’accident, dans ce qui échappe à la maîtrise.

Anouck Manzoni a participé à l’exposition Lux Naturae, de Pauline Carreta à la gallerie /CARRETTA, A Gallery Project. Cette exposition est une véritable ode à la nature sublimée et à l’organique. Les œuvres d’Anouck en encre pigmentée, écho du vivant et de la terre, sont profondes, oniriques et existentielles. Sa démarche illustre un design qui n’imite pas la nature, mais en prolonge la puissance poétique.

Patrice Lortz, étudiant en école de design, s’est emparé d’un objet familier : la bougie. Plutôt que de l’associer uniquement à la fête ou au rituel, il en fait un objet ornemental hybride, entre artisanat et virtualité. Ses créations questionnent la valeur symbolique de la bougie et ouvrent un champ de réflexion sur l’avenir des objets quotidiens, à la croisée du tangible et du numérique.

Ces artistes partagent une même volonté : dépasser la fonction pour faire du design un langage sensible, qui résonne avec nos imaginaires et nos émotions. Entre destruction et renaissance, imperfection et poésie, matière et expérimentation, ils incarnent une nouvelle génération qui compose avec tous les langages à sa disposition et réinvente la temporalité des usages.