Les objets créatifs marquants de 2025

© @gezeiten


Et si l’objet devenait un support de récit intime plutôt qu’un simple produit à consommer ?


En 2025, Leherpeur Paris à continué ses recherches sur la nécessité de l’objectif créatif.  Celui-ci ne s’est pas contenté d’être fonctionnel ou désirable. Cette année, il est devenu trace, geste, et espace de dialogue. À la croisée de l’artisanat, de la matière, du corps et de l’expérience, ces objets racontent une époque en quête de sens, de lenteur et de présence.

© @loewe

Chez Loewe AH25, l’artisanat s’exprime à travers un corset métallique mouchetée, composée d’épingles en laiton soudées par @jean.atelier, rehaussées de cristaux et de galets multicolores. Un travail d’assemblage minutieux où le bijou devient architecture. La pierre, le métal, le geste : autant de signes d’un luxe qui revendique la main, la patience et l’imperfection comme valeur esthétique.

À Venise, la collaboration entre Jil Sander, FormaFantasma et Venini propose une série de vases en verre soufflé présentée lors de la Biennale d’architecture. Pensée comme un hommage au geste et à l’expérimentation, cette création interdisciplinaire redéfinit le luxe par l’unicité du fait main. Loin d’un idéal standardisé, chaque pièce affirme ses variations, ses irrégularités, faisant de l’imperfection une force créative et culturelle.

Pour la campagne New Balance, Open! et Srirat convoquent la céramique comme langage visuel. Les créations, photographiées par Sam Nicklin, composent une mise en scène aux tons terrestres, patinés par le soleil et la poussière. Une esthétique de l’équilibre et de la matière, où l’objet artisanal annonce déjà une palette, un rythme, une attitude.

L’exposition [N]either [N]or de Issey Miyake explore la rencontre entre vêtements et objets en céramique. Dans un espace immersif aux faux-semblants, tissus suspendus et argile brute cohabitent sans hiérarchie. Le plissé devient un lien sensible entre textile et céramique, prolongeant les gestes d’un matériau à l’autre. L’objet n’est plus figé : il circule, il dialogue, il se transforme.

© @chloe

Chez Chloé, la sneaker Chloé Kick, portée par la danseuse contemporaine Helena Olmeda Duynslaeger, fusionne la rigueur d’une chaussure de boxe avec la souplesse d’un chausson de ballet. Cette campagne présente un objet pensé pour le mouvement, entre performance et délicatesse, qui traduit une nouvelle approche du corps féminin : libre, ancré, mobile. 

Avec le court-métrage The Tiger pour la campagne Gucci SS26, l’objet de mode s’inscrit dans une narration cinématographique. Plus qu’un vêtement, il devient symbole, atmosphère, fragment de récit. Le luxe se déplace vers l’émotion et l’imaginaire.

© @gucci

En parallèle, Bella Freud transforme le divan et le micro en objets culturels à part entière avec Fashion Neurosis. Le canapé devient espace d’introspection, la parole un matériau. À travers la conversation, l’objet immatériel — le vêtement comme langage identitaire — s’impose comme un outil pour parler de santé mentale, d’anxiété, de désir et de construction de soi.

Dans cette même veine, DRESSED, publication imaginée par Janneke van der Hagen en collaboration avec Monika Tatalovic, Saskia de Brauw, Linnea Mesko et Werk Studio, propose un autre regard sur l’objet éditorial. Pensé comme un ensemble à manipuler, DRESSED réunit des posters pliés en diagonale et un foulard en soie imprimé, réunis dans un coffret sur mesure. Le tout est accompagné d’un récit signé Saskia de Brauw, où l’image, le texte et la matière dialoguent sans hiérarchie.

L’objet 2025 est aussi nutritif et invisible. Avec Solein, protéine issue d’un micro-organisme naturel, ni végétal ni animal, l’innovation alimentaire devient un objet prospectif majeur. Produite sans terre arable, avec un impact environnemental minimal, Solein redéfinit notre rapport à la nourriture : une matière nouvelle, capable de s’intégrer aux usages existants.

Enfin, dans l’univers du soin, la cosmétique s’affirme comme un objet de régénération globale. Les formules combinant science, biotechnologie et sensorialité traduisent un besoin de réparation et de protection plus douce face aux premiers signes du temps. Mais également une quête de longévité comme nouvelle religion dans le luxe. 


Pour conclure, l’objet créatif de 2025 s’émancipe de la matérialité pure. Avec l’installation sonore de Céleste Boursier-Mougenot à la Bourse de Commerce, l’objet devient expérience. Invisible, immatériel, il se vit plus qu’il ne se possède. Une vibration, un espace mental, une présence.

© @celesteboursiermougenot