Mode in China, influenceurs & influences de la ‘génération 00’
Aujourd’hui, la Chine est le pays le plus consommateur du monde, le choix signifie le pouvoir : c’est le pouvoir de choisir ce que je regarde, qui j’écoute et chez qui j’achète. Nous avons interviewé, Yi Sun, notre planneuse stratégique chez Xiao Qiao MLC, directement sur place pour décrypter cette génération Z ou double zéro. Une génération imbibée au digital, foisonnante aux multiples sources d’influences, possédant son propre langage, ses comportements atypiques et ses propres sources d’influences.
//Peux-tu nous en dire plus sur cette nouvelle génération, où va-t-elle chercher l’info et comment les médias s’adaptent ?
Cette nouvelle génération est née avec des outils que nous n’avions pas et auxquels nous avons dû nous adapter : l’internet et les réseaux sociaux. A 5 ou 6 ans, ils apprennent déjà à parler Anglais sur le smartphone de leurs parents, à 12 ans ils vont avoir leurs propres smartphones et commencer à développer leur identité numérique. Si la presse mode en Chine n’est pas si différente de la presse occidentale, elle a pris le coche de la digitalisation beaucoup plus sérieusement en passant par les canaux sociaux chinois tels que Wechat BLOG et Weibo. Un moyen d’offrir aux lecteurs du choix dans leur façon de consommer les informations et d’établir un premier filtre d’informations.
//Qui sont les influenceurs les plus notoires ? Quelles sont leurs sources d’influences, leurs références ?
La plupart des K.O.L.s (key opinion leaders) sur Wechat blog ont déjà une première expérience dans les institutions médiatiques « traditionnelles », la différence est qu’ils maitrîsent parfaitement les réseaux sociaux. Parmi eux Gogoboi, connu pour son regard acerbe et critique envers les grandes marques de luxe qui lui a notamment valu de collaborer avec certaines, ou encore « REBECCA », plus spécialisée dans l’expérience utilisateur et valorisant la consommation de produits de mode et de luxe par la notion de satisfaction, de récompense.
Cette génération perd de plus en plus la curiosité envers le « monde », elle est née avec pratiquement « tout » et quand ils ont une question ils savent où trouver la réponse. Les informations qui les attirent le plus seront celles qui vont valoriser leur vie personnelle, alimenter les sujets de conversation et leur échange quotidien avec leur communauté.
//Quelles sont les marques qui les influencent le plus ? Celles que l’on retrouve le plus dans les rues ? Des nouvelles ? Des statutaires ?
On retrouve les maisons de couture qui ont su renouveler leur image comme Gucci, Balenciaga et Givenchy. Les “sneaker-heads” préfèrent toujours Nike, Puma et Adidas. Les produits iconiques des marques statutaires telles que Chanel, Hermès, Cartier, sont toujours vecteurs de désidérabilité et d’intemporalité.
Aujourd’hui, le revirement opportun de certaines marques de luxe vers une posture plus trendy peut être fatal. Les consommateurs comprennent la différence entre “marque de luxe”, “haut de gamme” et “marque de mode”. Rester cohérent dans son style et sa communication est capital.
//En terme de style que retrouve-t-on dans les rues ? Y a-t-il des choses propres à la Chine qui se démarquent de la mode française ?
Les modeux s’habillent en combinant les it produits iconiques du moment comme le fanny pack de Gucci avec un T-shirt Vêtements et la Triple S de Balenciaga. Les sacs en PVC, en paille ou même en papier recyclé sont très « eye-catching » dans leur Streetlooks. C’est assez commun avec la mode occidentale, mais petit-a-petit les marques chinoises s’insèrent dans ces looks : le T-shirt de Peacebird en collaboration avec le manga japonais Dragon Ball ou avec Coca-Cola, par exemple, les prints et les broderies très orientales, mais sur une silhouette très moderne, chez Mo & Co ou les marques de « white shoes » d’origine chinoise comme « Feiyue » et « Hui Li » se popularisent dans la rue.
//En tant que chasseuse d’influences, quelles sont les influences qui nourrissent ton travail ?
Lire, l’information “fast” sur ce qui se passe dans le monde et la “slow” sur les grands classiques culturels. Communiquer, avec les professionnels, les non-professionnels, les consommateurs, les stylistes et les retailers. Écrire, pour mieux décrypter les tendances, et surtout pour capturer ce qui se cache sous chaque “air du temps”, le “courant de fond”, le pourquoi. Enfin, ma partie préférée, observer comment les gens s’habillent. La mode descend dans la rue, il n’y a pas plus concret que de voir par soi-même !
Merci à Yi Jouvet- Sun et aux photos de Vera Sun