Exploser les canons du beau, positive body era
Challenger les codes de beauté archétypaux n’est pas chose nouvelle dans l’industrie de la mode ou de la beauté, cela a, d’ailleurs, plus l’allure d’un phénomène cyclique réveillant les esprits endormis par une uniformisation créative qu’une sincère nouveauté.
De l’introduction du pourpoint au XIVe siècle aux distorsions corporelles créées par les créations vestimentaires des japonais Yoshi Yamamoto et Rei Kawakubo, dans les années 80, l’altération des harmonies et des normes, souvent conditionnées par la religion ou la société, se sont révélées être des moyens grinçants et efficaces pour ouvrir les esprits mais aussi élargir les champs parfois étriqués des critères de beauté.
Néanmoins au XIVe siècle, les aristocrates n’avaient pas les moyens du #ootd (outfit of the day) dans leurs saillants pourpoints alors qu’aujourd’hui, il est indéniable que les réseaux sociaux favorisent la prolifération et l’amplification de ces mouvements disruptifs. Premièrement en offrant une visibilité et un terrain d’expression libre aux minorités identitaires plurielles et, deuxièmement, en favorisant la reconnaissance et l’intégration de celles-ci dans des communautés sans frontières.
Cela, les marques l’ont bien compris, de Chanel avec Adoaw Aboah à Adidas, en passant par Diesel ou encore Mansur Gavriel. En ouvrant leur viseur et en proposant des modèles pluriels, elles sont conscientes d’aller chercher de nouveaux adeptes et de toucher au-delà des individus, de vraies communautés.
De la représentation des genres hybrides à la néo-féminité, en passant par celle du métissage ou de la maladie, tous ces signes traduisent la réelle volonté de s’inscrire dans une ère de la sincérité et de la positivité, offrant l’entière liberté de se sentir bien et soi tout en sortant du cadre aux angles plus arrondis. Un essoufflement dans la quête de la perfection qui s’est tournée vers une quête holistique, où la beauté réside dans l’expression sans brides de ce que les individus souhaitent être -et non de ce que la société attend qu’ils soient.
Une célébration du no type et une acceptation de la diversité relatées par une forme humana-rama mettant en lumière toutes les micro-communautés visibles, les beautés en tous genres, la poésie variable des corps dans ce qu’ils ont de plus purs. Des messages mutants, optimistes, composés d’une nouvelle grammaire de codes corporels, de nouveaux référents célébrant la singularité et l’affranchissement.
Photo de couverture Joshua Woods, Comme des Garçons, Adidas Originals par Kendall Jenner, Winnie Harlow, Rowan Blanchard, Adoaw Aboah et Slick Woods.